jeudi 28 mars 2013

Sur le meurtre de Aaron Swartz par l’État américain

Unissons Nous !




Notre camarade se trompe sur un point, dès la première ligne de son texte: Quelle "stratégie ratée de cybersécurité du gouvernement" ?
Il s'agit avant tout de tétaniser par la peur les dissidents mais la guerre n'est pas encore complète car ils savent bien que le peu qui leur échappera en cas de liquidation des hackers sera suffisant pour paralyser leurs systèmes avec des bombes numériques. Lorsque l'heure aura sonné d'en finir avec leur capitalisme agonisant le réseau tombera comme un fruit mur... 
Ils ne prendront donc ce risque que quand tout sera perdu pour eux mais pas avant. La peur et les dollars ne remplacent pas la loyauté défaillante de leurs esclaves et le génie qui leur échappe.
Pussy Riot Free



Aaron Swartz et la criminalisation de la dissidence numérique

    Traduction d’une lettre du Hacktiviste Jeremy Hammond , emprisonné depuis un an, maintenant -sans aucun procès en règle- pour dévoiler au public des infos sur les activités de Stratfor et HB Gary...


La mort tragique du combattant pour la liberté sur Internet Aaron Swartz révèle la stratégie ratée de “cybersécurité » du gouvernement, ainsi que sa corruption systématique à travers ses enquêtes sur la criminalité informatique, la loi sur la propriété intellectuelle, et la transparence des corporations et gouvernements. Dans une société prétendument fondée sur les principes de démocratie et une “procédure légale régulière”, les efforts d’Aaron pour libérer l’Internet, y compris la distribution gratuite d’essais JSTOR universitaires, l’accès aux archives judiciaires publiques sur PACER, l’arrêt du passage de la loi SOPA / PIPA, et le développement de la licence Creative Commons font de lui un héros, et non un criminel. Ce ne sont pas les « crimes » qu’Aaron aurait soi-disant commis qui ont fait de lui une cible de poursuites fédérales, mais ses idées – élaboré dans son manifeste «Guerrilla Open Access Manifesto» – que le gouvernement a trouvé tellement dangereux. La poursuite agressive du procureur général des États Unis, truffée d’abus et de mauvaise conduite, est ce qui a conduit à la mort ce héros. Ce chapitre triste et enrageant devrait servir de signal d’alarme nous éveillant tous sur le danger inhérent à notre système de justice pénale.

Le cas d’Aaron est une partie de la récente expansion agressive, politiquement motivée du droit criminel informatique où hackers et activistes sont de plus en plus criminalisés en raison de prétendues «cyber-menaces terroristes». Le procureur général des États-Unis pour le district sud de New York, Preet Bharara, dont le bureau est en poursuite contre moi et mes co-accusés dans l’affaire du procès contre Lulzsec, a tenu un discours alarmiste, comme la menace d’une imminente «cyber-attaque à la Pearl Harbor» pour justifier ces poursuites. En même temps, le gouvernement forme et déploie régulièrement leurs propres pirates informatiques pour lancer des cyber-attaques sophistiquées contre les infrastructures des pays étrangers, tels que le virus Stuxnet et Flame, sans la connaissance, la consultation du public, ni déclaration de guerre officielle, ni le consentement des autorités internationales. DARPA, US Cyber ​​Command, la NSA et de nombreux contractants privés du gouvernement fédéral recrutent ouvertement les pirates pour développer les capacités défensives et offensives et construire des réseaux de surveillance numérique orwelliens, non conçus pour accroître la sécurité nationale, mais pour faire avancer l’impérialisme américain. Ils vont même jusqu’à assister et prendre la parole lors des conférences de pirates informatiques, comme DEFCON, tentent de soudoyer les hackerspaces* pour leurs recherches, et ont créé l’insulte de la «Journée nationale du hacker civique»- efforts qui devraient être boycottés ou confrontés à chaque étape de leur parcours.

Aaron est un héros parce qu’il a refusé de suivre le programme du gouvernement, au lieu de cela il a utilisé son intelligence et sa passion pour créer une société transparente. Dans le cadre du mouvement du logiciel libre, la publication libre de droits, le partage de fichiers ouvert, et le développement de la cryptographie et de la technologie d’anonymat, les cyber-activistes ont révélé la pauvreté du néo-libéralisme et de la propriété intellectuelle. Aaron s’est opposé à réduire tout à une marchandise pouvant être achetée ou vendue pour un profit.

L’accroissement de l’efficacité du soutien du public pour des mouvements comme Anonymous et Wikileaks ont conduit à une expansion des enquêtes sur les crimes informatiques – surtout des améliorations à 18 USC § 1030, le Computer Fraud and Abuse Act (CFAA). Au fil des années, le CFAA a été modifié à cinq reprises et a subi un certain nombre de décisions judiciaires qui ont considérablement élargi ce que la loi couvre concernant « l’accès à un ordinateur protégé sans autorisation. » Il est désormais difficile de déterminer exactement quel comportement serait considéré comme juridique. La définition d’un «ordinateur protégé » a été progressivement élargie pour inclure tout gouvernement ou entreprise à l’intérieur ou extérieur des États-Unis. «Autorisation», pas explicitement défini par le CFAA, a également été élargi pour être si équivoque que toute utilisation d’un site Web, réseau, ou un PC qui est en dehors des intérêts, de l’agenda, ou des obligations contractuelles d’une entité privée ou publique pourrait être criminalisée. Dans le cas d’Aaron et d’autres, le gouvernement a défini la violation d’une Politique d’utilisation acceptable (PUA), de Conditions de Service (TOS), ou du Contrat de Licence Utilisateur Final (CLUF) comme illégale. Chaque fois que vous vous inscrivez à un service comme Gmail, Hotmail ou Facebook et cliquez sur le bouton « J’accepte » qui fait suite au long contrat d’utilisation que personne ne lit jamais, vous pourriez être poursuivi en vertu de la CAFA, si vous ne respectez pas les termes.

Le nombre massif d’usagers réguliers d’ordinateurs pouvant être considérés comme des criminels en vertu de ces définitions larges et ambiguës permet des poursuites politiquement motivées de toute personne qui exprime sa dissidence. La CFAA devrait être jugée inconstitutionnelle en vertu de la doctrine vide et vague de la clause de procédure légale régulière. Au lieu de cela, le Congrès a proposé l’an dernier une loi qui permettrait de doubler les peines maximales légales et d’introduire des peines minimales obligatoires, semblables à des peines excessives imposées dans les affaires de drogue qui ont été largement imposées par de nombreux juges fédéraux et d’État.

Le cas de l’opération «Payback» à San Jose, en Californie, est un autre déni de justice, où 16 membres présumés d’Anonymous (dont un garçon de 16 ans) aurait participé à une action de déni de service contre PayPal pour protester contre son blocus financier de Wikileaks. Un déni de service (DOS ou DDOS) ne peut pas « dépasser accès autorisé», comme il est pratiquement impossible de le distinguer des requêtes Web standard. Il s’apparente plus à un sit-in de protestation électronique, la surcharge des serveurs du site Web le rendant incapable de servir le trafic légitime, à un acte criminel impliquant le vol d’informations privées ou la destruction de serveurs. Le site de PayPal est seulement devenu lent ou indisponible pour quelques heures, alors que ces activistes numériques font face à une peine de prison de plus que 10 ans, 250 000 dollars d’amende et les condamnations criminelles parce que le gouvernement veut criminaliser cette forme de protestation sur Internet et envoyer un avertissement à quiconque voudrait supporter Wikileaks.

Un autre cas récent est celui d’Andrew « VEEO » Auernheimer, qui a été reconnu coupable en novembre dernier par l’entremise du CFAA. Andrew avait découvert que AT&T publiait les noms et adresses emails de clients sur son site web destiné au public, sans aucun mot de passe, cryptage, ou pare-feux. Au lieu de reconnaître leur propre erreur à violer la vie privée des clients, AT&T a poursuivi une peine de prison pour Andrew. Andrew a défendu ses actions en disant: «Nous n’avons pas seulement un droit, en tant qu’Américains d’analyser les choses que les sociétés publient et les rendre accessibles au public mais probablement aussi une obligation morale d’informer les gens à ce sujet. »
Je suis actuellement confronté à de multiples accusations de complot par piratage informatique à cause de mon implication présumée avec Anonymous, LulzSec et AntiSec, les groupes qui ont ciblés et dénoncé la corruption dans les institutions gouvernementales et les sociétés telles que Stratfor, le Ministère de la Sécurité publique d’Arizona, et HB Gary Federal. Ma peine encourue s’est vue abruptement alourdie à cause de l’élargissement par le Patriot Act de la définition du CFAA de «perte». Ça a permis à Stratfor de réclamer plus de 5 millions de dollars en dommages et intérêts, y compris le coût exorbitant de l’embauche qui dépasse les limites de couverture des sociétés de crédit et des corporations “infosec”, l’achat de nouveaux serveurs, 1,6 millions de dollars en « revenus potentiels perdus » pour le temps que leur site Web était hors fonction, et même le coût d’un arrangement financier de 1,3 millions de dollars pour un recours collectif déjà déposé contre eux. Couplé avec l’utilisation de «moyens sophistiqués» et «infrastructures essentielles» en tant qu’alourdisseurs de sentence, si reconnu coupable au procès, je fait face à une peine de 30 ans, allant jusqu’à vie.

Les sales tours judiciaires et des phrases longues ne sont pas des anomalies mais font partie du système fondamentalement corrompu et vicieux à deux vitesses de la «justice», qui vise à récolter des profits de l’incarcération de masse de millions de gens, et en particulier les personnes de couleur et les pauvres. L’utilisation d’agents doubles qui coopèrent en échange de peines plus légères n’est pas seulement utilisé dans le cadre des poursuites répressives de mouvements de protestation et aux chasses aux sorcières « terroristes » islamophobes fabriquées, mais aussi dans la plupart des affaires de drogue, où les accusés font face à certaines des peines les plus sévères au monde .

Pour Aaron Swartz, qui faisait face lui-même à 13 chefs d’accusation sous la CFAA, il est fort probable que c’est cette pression intense de la part des procureurs implacables et sans compromis qui, tout en étant conscient de la fragilité psychologique d’Aaron, ont continué à réclamer une peine d’emprisonnement, ce qui a conduit à sa mort prématurée.

En raison de l’indignation généralisée du public, il y a maintenant des rumeurs d’enquêtes du Congrès dans le CFAA. Mais étant donné que ce même Congrès avait proposé des sanctions accrues il y a moins d’un an, les efforts de réforme ont peu de chances d’être plus que symboliques. Ce qu’il faut, ce n’est pas une réforme, mais une totale transformation; pas des amendements, mais une abolition. Aaron est un héros pour moi, parce qu’il n’a pas attendu que ceux au pouvoir réalisent sa vision et changent leur jeu, il a cherché à changer le jeu lui-même, et il l’a fait sans crainte d’être étiqueté comme criminel et emprisonné par un système judiciaire arriéré.

Nous, le peuple, exigeons un accès libre et équitable à l’information et à la technologie. Nous exigeons la transparence et la responsabilité de la part des gouvernements et des grandes entreprises, et que la vie privée des masses soit protégée des réseaux de surveillance envahissants.

Le gouvernement ne sera jamais pardonné. Aaron Swartz ne sera jamais oublié.


* Forcément fliqué un Hackerspace...

Pour écrire à Jeremy:
Jeremy Hammond 18729-424
Metropolitan Correctional Center
150 Park Row
New York, New York, 10007
Liens:: https://antidev.wordpress.com/2013/03/23/sur-le-meurtre...cain/

Guerilla Open Access Manifesto

Information is power. But like all power, there are those who want to keep it for
themselves. The world's entire scientific and cultural heritage, published over centuries
in books and journals, is increasingly being digitized and locked up by a handful of
private corporations. Want to read the papers featuring the most famous results of the
sciences? You'll need to send enormous amounts to publishers like Reed Elsevier.

There are those struggling to change this. The Open Access Movement has fought
valiantly to ensure that scientists do not sign their copyrights away but instead ensure
their work is published on the Internet, under terms that allow anyone to access it. But
even under the best scenarios, their work will only apply to things published in the future.
Everything up until now will have been lost.

That is too high a price to pay. Forcing academics to pay money to read the work of their
colleagues? Scanning entire libraries but only allowing the folks at Google to read them?
Providing scientific articles to those at elite universities in the First World, but not to
children in the Global South? It's outrageous and unacceptable.

"I agree," many say, "but what can we do? The companies hold the copyrights, they
make enormous amounts of money by charging for access, and it's perfectly legal —
there's nothing we can do to stop them." But there is something we can, something that's
already being done: we can fight back.

Those with access to these resources — students, librarians, scientists — you have been
given a privilege. You get to feed at this banquet of knowledge while the rest of the world
is locked out. But you need not — indeed, morally, you cannot — keep this privilege for
yourselves. You have a duty to share it with the world. And you have: trading passwords
with colleagues, filling download requests for friends.

Meanwhile, those who have been locked out are not standing idly by. You have been
sneaking through holes and climbing over fences, liberating the information locked up by
the publishers and sharing them with your friends.

But all of this action goes on in the dark, hidden underground. It's called stealing or
piracy, as if sharing a wealth of knowledge were the moral equivalent of plundering a
ship and murdering its crew. But sharing isn't immoral — it's a moral imperative. Only
those blinded by greed would refuse to let a friend make a copy.

Large corporations, of course, are blinded by greed. The laws under which they operate
require it — their shareholders would revolt at anything less. And the politicians they
have bought off back them, passing laws giving them the exclusive power to decide who
can make copies.

There is no justice in following unjust laws. It's time to come into the light and, in the
grand tradition of civil disobedience, declare our opposition to this private theft of public
culture.

We need to take information, wherever it is stored, make our copies and share them with
the world. We need to take stuff that's out of copyright and add it to the archive. We need
to buy secret databases and put them on the Web. We need to download scientific
journals and upload them to file sharing networks. We need to fight for Guerilla Open
Access.

With enough of us, around the world, we'll not just send a strong message opposing the
privatization of knowledge — we'll make it a thing of the past. Will you join us?
Aaron Swartz

July 2008, Eremo, Italy

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